Afin de mieux définir les avantages et les inconvénients, il convient de se pencher sur les attentes des propriétaires suisses.
Pour les chiennes et par ordre d’importance, les demandes sont d’abord pour une détention facilitée, pour empêcher certaines maladies, afin éviter une gestation, lors de maladies et finalement, lors des problèmes de comportements.
Chez le mâle, les demandes les plus fréquentes font suite à des problèmes de comportements, de maladies, pour éviter la reproduction et pour empêcher certaines maladies.
Dans notre pays, les demandes sont liées à l’individu et ne sont pas organisé en campagne de stérilisation et castration comme on peut le voir pour le chat, ou dans d’autre pays afin de lutter contre les chiens errants, potentiellement dangereux et favorisant la propagation de certaines maladies comme la rage. Le nombre de chien en suisse, avoisinant le demi million, reste stable et nous n’avons pas de chiens errants.
Avantages chez la chienne.
La chienne a un cycle monooestrique non saisonnier c’est-à-dire qu’elle fait un cycle de chaleur n’importe quand dans l’année (sauf le basenji qui vient au printemps et en automne). Ce cycle se répète tous les quatre à six mois. Pendant les chaleurs la chienne présente des écoulements sanguinolents et attire le mâle. C’est la raison principale de la demande de stérilisation. On peut bien sur mettre une culotte à la chienne pour empêcher les saignements, mais cela embête ou dégoûte bon nombre de propriétaires, car il faut la changer régulièrement. De plus, en ville les promenades sont souvent très compliquées lorsque des mâles amoureux et entreprenants attendent votre animal à la sortie de votre immeuble. La chienne en chaleurs change souvent de caractère. Certaines sont plus agressives avec leurs congénères, d’autres sont de véritable « pot de colle » avec leur propriétaire. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne peut pas faire confiance pour le rappel à une chienne en chaleurs lorsqu’elle arrive dans la période optimale de saillie, raison pour laquelle, je conseille de la tenir pendant les trois semaines des chaleurs.
Lors de la stérilisation, les ovaires étant enlevés, il n’y a plus de cycle et donc plus de symptômes de chaleurs.La stérilisation prévient bon nombre de maladies, à tel point que certains spécialistes préconisent de stériliser/castrer tout animal qui n’est pas destiné à la reproduction.Si le vétérinaire n’enlève que les ovaires, ce qui ne devrait être fait que chez la chienne impubère ou juste pubère, on évite évidemment tous les problèmes ovariens, ainsi que les soucis influencés par les hormones comme les grosseurs vaginales, les infections de la tétine et les tumeurs mammaires (dans ce dernier cas, il faut que la stérilisation ait été faite impérativement au plus tard avant les deuxièmes chaleurs, mais de préférence avant les premières chaleurs, sinon, on perd cet avantage). En enlevant les ovaires et la matrice chez la chienne (ovariohystérectomie), on bénéficie des mêmes avantages que ci-dessus plus l’éradication de tous les problèmes de matrice.
Bien qu’il existe depuis quelques années des injections quasi sans effets secondaires pour faire avorter ou empêcher une gestation après une saillie, il est plus logique et plus sain pour la chienne, c’est une lapalissade, d’éviter les saillies si l’on ne désire pas de chiots ! On peut donc laisser venir la chienne en chaleurs et la tenir éloignée des mâles, ou la stériliser. Tous les spécialistes en gynécologie déconseillent les injections contre les chaleurs à long terme. On ne les utilisera que pour des suppressions temporaires, en attendant une autre solution. Les pilules, contrairement au chat, sont à proscrire complètement. Des implants sont apparus sur le marché depuis peu. Ils sont d’un usage délicat et doivent être implantés à un moment très précis du cycle.
Il existe un complexe de maladie appelé du doux nom d’hyperplasie glandulo-kystique et pyomètre. C’est une pathogénie complexe dont les causes ne sont pas encore bien comprises. Elle arrive généralement environ deux mois après les chaleurs par un épaississement de la paroi de la matrice et une accumulation de liquide dans celle-ci. La chienne manque d’énergie et se met à boire beaucoup plus que d’habitude. Elle peut avoir un écoulement vaginal mais pas toujours. Les symptômes généraux n’apparaissent que tardivement. Ce défaut hormonal conduit à une accumulation de pus qui peut atteindre plusieurs litres chez les grandes races. Il existe une thérapie hormonale, mais le meilleur choix pour une chienne qui n’est pas destinée à la reproduction est la stérilisation. De même, on pratiquera l’ovariohystérectomie lors de toutes tumeurs de l’appareil génital.
La plupart du temps le propriétaire d’étalon me demande de castrer leur animal car, soit il se sauve, hurle ou ne mange plus lorsqu’une chienne est en chaleurs, soit pour des problèmes d’agressivité envers d’autre congénères. La castration évite que le chien soit « amoureux », par contre ce n’est de loin pas le remède miracle contre l’agressivité. Chaque cas doit être discuté en cas de problème, avec un vétérinaire comportementaliste afin d’évaluer les chances de succès de la castration et/ou de la mise en place d’une thérapie comportementale. L’implant que j’ai évoqué pour la chienne marche par contre parfaitement chez le mâle et permet de faire une vraie castration chimique temporaire (environ 6 mois). Attention toutefois en cas de chien un peu agressif : On observe une augmentation de l’hormone mâle les 15 jours suivant l’implantation, avant une chute complète.
Pour éviter une reproduction involontaire, on peut le castrer chirurgicalement ce qui est évidement définitif. Si on désire une stérilisation temporaire, on a recours aux implants que l’on doit renouveler tous les six mois. La fertilité est à nouveau normale environ 9 mois après l’implantation. Dans certain cas on peut pratiquer une vasectomie ce qui permet de garder un chien entier mais stérile. Ce genre d’opération est peu demandé car le chien conserve tous ses instincts et défauts de mâle entier.
Chez le mâle, la castration chirurgicale évite les problèmes (infections/tumeurs) sur les testicules, ce qui est encore une fois évident et les maladies vénériennes, car le chien n’ayant plus d’instinct de reproduction, il ne va plus faire de saillie.
Les problèmes de prostate et les tumeurs périanales sont directement liés aux hormones et donc vont diminuer fortement lors de la castration.
La castration est du reste une partie de la thérapie lors de problèmes prostatique ou de tumeurs périanales.
Désavantages
Chez la chienne, on observe parfois suite à une stérilisation des incontinences urinaires. Certaines races sont prédisposées, comme le boxer, le doberman, le rottweiler, le schnauzer géant et le bobtail. De manière générale, elle arrive plus fréquemment chez les grand chiens que chez les petits et est plus fréquente lorsque l’on stérilise sa chienne après les premières chaleurs. Les causes ne sont pas encore clairement élucidées mais on peut déjà proposer une thérapie pour supprimer ou fortement diminuer cet inconvénient. Il existe plusieurs médicaments oraux que l’on donne quotidiennement et que l’on adapte en fonction de la réponse thérapeutique. Certaines chiennes peuvent répondre à des implants d’hormones, enfin on peut parfois effectuer une chirurgie afin de renforcer le muscle qui ferme la vessie (sphincter).
Certaines chiennes stérilisées vont garder une vulve petite et enfoncée, ce qui peut engendrer des infections chroniques.
Pour les mâles, la castration va augmenter la fréquence de certaines tumeurs de la prostate, mais celles-ci sont heureusement très rares.
Il est certain que la stérilisation/castration augmente le risque de prise de poids. Le mécanisme n’est pas complètement élucidé : est-ce une diminution de l’activité, du métabolisme, une augmentation de la prise de nourriture ou un peu des trois ? Il y a-t-il d’autres facteurs ? Toujours est-il qu’il faut absolument surveiller l’alimentation après cette opération sous peine de voir son compagnon à 4 pattes devenir doucement obèse.
Certaines races à poils soyeux (cocker, border…) peuvent retrouver un poil juvénile, un peu laineux et pas très esthétique. Il n’existe malheureusement aucune thérapie pour ce problème.
J’entend souvent dire que si l’on castre/stérilise un animal trop tôt, il va rester très petit. Rien n’est plus faux, au contraire. Les études montre qu’en cas de castration précoce, la suture osseuse, c’est-à-dire la fin de la croissance va s’effectuer plus tard. L’animal va donc être statistiquement plus grand si il est castré/stérilisé avant l’âge de 7 mois.
La castration/stérilisation précoce (moins de 5 mois) pourrait augmenter les risques de dysplasie de la hanche chez les grands chiens.
Diverses études enfin présentent des résultats concernant les différences de comportement entre des animaux castrés/stérilisés ou non. Bien qu’elles divergent suivant les races, le moment de l’intervention etc…, on peut relever que cette intervention peut engendrer par exemple, une diminution de l’activité, une augmentation de la coprophagie (le chien mange des crottes), une augmentation de la tendance à aboyer, et une certaine augmentation de l’agressivité envers d’autres chiens ou envers le propriétaire.
Conclusion
Comme dans toutes interventions, on ne peut tirer des généralités. Je ne pourrais pas affirmer qu’il faut stériliser/castrer tous chiens non promis à l’élevage.
Certes, cela comporte de gros avantages, surtout en terme de prophylaxie (empêche les maladies) mais aussi quelques inconvénients.
Il faut donc réfléchir selon chaque situation, mâle ou femelle, ville ou campagne, jeune ou vieux, grande race ou petite race, poil long ou court, chien seul ou en meute, appartement ou chenil, vacances avec le chien ou pension (la plupart des pensions n’acceptent pas les femelles en chaleurs, ce qui est compréhensible !).
En cas d’intervention, préférer une intervention avant la puberté.
Dans tout les cas, une discussion précoce avec votre vétérinaire, par exemple lors des premiers vaccins, vous permettra de vous forger votre opinion.
Hiltbrand, méd. vét. 1350 ORBE