La borréliose de Lyme est une maladie infectieuse connue en Europe depuis plus d’un siècle. Elle affecte aussi bien les chiens que les chevaux, les bovins, les chats et les hommes. Les mammifères sauvages et les oiseaux peuvent aussi être porteurs. La maladie trouve son nom en 1976 à la suite d’une épidémie d’arthrite à Lyme, petite ville des Etats-Unis. Durant les années 1980, cette maladie a dramatiquement augmenté chez l’homme dans le monde entier. C’est la maladie transmise à l’humain par les tiques la plus fréquente en Suisse. On estime que 3000 à 5000 personnes en souffrent chaque années dans notre pays. (60 000 cas annuellement en Europe !)
La borréliose est causée par un groupe de bactéries spiralées nommées « Borrelia burgdorferi ». (Bien que les symptômes étaient connus depuis longtemps, ce n’est qu’en 1982 qu’un suisse, Willy Burgdorfe,r les a découvertes). A ce jour, seules deux ou trois espèces de B. burgdorferi sont présentes en Europe chez le chien.
Différentes sortes de tiques sont connues comme transmetteurs de la borréliose. En Europe une tique appelée « ixodes ricinus » est le principal agent de transmission des borrelia. En Suisse, cette maladie est présente sur tout le territoire, et en moyenne une tique sur trois est infectée par les bactéries de la borréliose.
La tique
La tique n’est pas un insecte, mais, avec ses huit pattes, c’est une parente des araignées. A jeûn, elle ne mesure que quelques millimètres avec un corps aplati, mais les femelles gorgées de sang peuvent atteindre jusqu’à 2 cm.
Dans le monde, les quelques 800 espèces de tiques connues à ce jour, colonisent des habitats divers et présentent des comportements différents. En Suisse, il existe une dizaine d’espèces, dont la plus répandue est Ixodes ricinus.
La tique I. ricinus vit généralement dans les forêts, dans les sous-bois et les buissons. La plupart des forêts du Plateau suisse offrent à la tique un habitat idéal. Elle devient plus rare si l’on monte en altitude.
Contrairement à une idée reçue, la tique ne tombe pas des arbres, mais vit au niveau du sol et de la végétation basse. Comme un bandit de grand chemin, elle attend sur une herbe, le contact d’un hôte de passage pour s’y agripper ; elle le reconnaît à son mouvement, sa chaleur et son odeur. Elle se nourrit du sang de toutes sortes d’animaux: mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens.
On peut trouver des tiques durant toute l’année. Elles sont néanmoins plus abondantes au printemps et parfois en automne. Au coeur de l’été et en hiver, lorsque les conditions climatiques sont défavorables (trop chaud, trop sec ou trop froid) la tique se réfugie dans le sol.
Comment les tiques se développent-elles ?
Le cycle de vie de la tique comprend trois stades de développement: larve, nymphe et tique adulte. Une mue se produit entre ces stades, précédée à chaque fois par un repas sanguin. Un tel repas est aussi nécessaire avant la formation et la ponte des oeufs par la tique femelle adulte
Le mâle, quant à lui, ne prend qu’un frugal repas. La femelle meurt après la ponte.
Les œufs éclosent en plusieurs semaines. Fixée dans la peau de son hôte, la larve va sucer le sang durant plusieurs jours (2-4 jours selon les stades). Pendant ce temps, son corps s’accroît jusqu’à former une petite sphère. Une fois repue, la tique quitte l’hôte en se laissant tomber sur le sol, où elle va digérer le repas sanguin et muer en plusieurs semaines vers le stade suivant. La nymphe fera de même puis, si c’est une femelle, elle va pondre des milliers d’œufs au sol.
Le repas sanguin s’effectue en plusieurs phases. Tout d’abord la tique rampe durant plusieurs heures dans le pelage de l’animal jusqu’à ce qu’elle trouve une place adéquate pour la succion. A ce moment elle se fixe par son rostre dans la peau de son hôte et commence, d’abord lentement, puis plus rapidement à absorber du sang. La tique n’a pas de tête reconnaissable et l’appendice qui dépasse, est en fait le rostre. Seul celui-ci est inséré dans la peau. Il est formé d’un tube dont la partie supérieure est constituée d’une paire de couteaux (les chélicères) qui dilacèrent la peau et d’une partie inférieure (l’hypostome) hérissée de petites dents qui permettent à la tique de se fixer solidement dans la peau.
Comment les tiques transmettent-elles la borréliose?
La larve, la nymphe ou la tique, ingère les bactéries en se nourrissant sur un hôte infecté. Les borrélia restent dans son intestin où elles se multiplient. Stimulées par le repas de sang, les bactéries commencent à migrer dans les glandes salivaires. Pour empêcher la coagulation du sang, la tique sécrète de la salive et celle-ci contient des bactéries qui passent alors à l’hôte. Cette transmission ne commence généralement pas directement dès la fixation de la tique. Le risque de transmission augmente avec le temps de succion et atteint un maximum lors de la phase rapide de celle-ci. Des études ont montré qu’il faut au moins 24 h, mais plus souvent plus de 48h, pour que les borrélia passent de l’intestin à la peau de l’hôte.
Réservoirs
Le réservoir principal de la maladie en Europe est constitué par les petits rongeurs de forêt, ainsi que les insectivores comme le hérisson ou la musaraigne. Les oiseaux sont aussi concernés, d’autant qu’ils peuvent diffuser la maladie largement à cause de leur faculté à migrer.
10 à 30 % des chiens sont infectés en France, selon les régions.
5% des chats seraient aussi infectés, mais aucun cas de maladie déclarée n’a été rapporté à ce jour.
Le chien est-il un facteur de risque pour son propriétaire ?
Une étude à montré que la possession d’un chien ou la proximité d’un chien infecté ne sont pas des facteurs de risque pour l’homme, bien que notre compagnon à quatre pattes peut conduire ses propriétaires à fréquenter les biotopes favorables aux tiques (broussailles…) et donc de les exposer. Il est également susceptible (comme le chat) de rapporter dans les locaux d’habitation des tiques infectées.
Maladie
Environ 5% des chiens infectés développent des symptômes. L’expression clinique survient en moyenne deux à cinq mois après la piqûre infectante.
Les stades cliniques décrits chez l’homme ne sont pas tous retrouvés chez le chien. On ne rencontre pas, par exemple « l’érythème migrant » typique chez l’homme, cette rougeur qui se développe d’une manière centrifuge sur la peau, autour de la piqûre de la tique. Le chien développe un tableau clinique varié et non spécifique, dominé par de la fièvre. Il ne montre plus d’énergie, ne mange plus et surtout souffre de boiteries qui passent d’une patte à l’autre. Il s’agit d’une mono ou d’une polyarthrite. Les articulations sont chaudes, douloureuses et leur volume est augmenté. L’arthrite évolue souvent rapidement : les symptômes régressent en quatre jours en moyenne avant de réapparaître sur une autre articulation dans 30 à 50 % des cas. D’autres symptômes ont été signalés, notamment des troubles nerveux (agressivité, épilepsie, paralysie…) ou cardiaque.
Diagnostique
Il n’existe aucun signe clinique, hématologique ou biochimique qui puisse être considéré comme pathognomonique (c’est-à-dire qui prouve à 100%) d’une maladie de Lyme chez le chien.
Un tableau clinique de boiterie associé à de la fièvre et une anamnèse faisant état de tiques sur le chien doit nous conduire vers une suspicion.
Le diagnostic de laboratoire est indispensable pour confirmer la clinique.
Il existe différents tests qui seront utilisés en fonction de leur utilité dans le cours de la maladie.
Traitement
Comme c’est une maladie due à une bactérie, on peut la traiter avec des antibiotiques. Certaines substances fonctionnent mieux que d’autre, et dans tout les cas, le traitement sera long afin d’atteindre les borrélies qui sont dans les tissus les plus profonds : parfois trente jours ou plus. Malgré cela, une rechute est toujours à craindre.
Comment prévenir l’infection ?
Premièrement, en limitant les risques de transmission par les vecteurs. Comme il n’est pas possible d’éliminer les tiques, il faut protéger son chien :
- Eviter les zones à risques.
- Utiliser des produits pour tuer ou éloigner les tiques (produit spot-on, collier, spray).
- Inspection minutieuse visuelle et tactile de l’animal après chaque sortie.
Pour rappel, le passage des borrélia n’intervenant que 2 jours après l’implantation de la tique, il faut utiliser cette période pour tuer (produit spot-on par ex.) ou éliminer celle-ci (inspection visuelle). Si une tique est trouvée, il faut l’enlever en saisissant celle-ci avec une pince à épiler ou un pince à tique et tirer en arrière de manière continue et très lentement avec un mouvement de rotation. L’utilisation de l’alcool ou autre est déconseillée car sous l’effet d’un stress, le parasite peut sécréter encore plus de bactéries.
Si par malheur, le rostre devait rester dans l’animal, il suffit de mettre une pommade désinfectante pendant quelques jours. La tique ne va pas repousser ou creuser sous la peau comme je l’entends souvent !
Depuis une dizaine d’année, un vaccin, Merilym®, est disponible. La primovaccination se fait en deux fois à un mois d’intervalle puis un rappel annuel, de préférence avant le printemps. Il protège contre une des souches de borrélie la plus fréquente en Suisse (B. burgdorferi s. s.. Des études récentes ont montré que 10 à 50% des tiques étaient infestées par la bactérie suivant les régions et que la moitié de celles-ci l’étaient par B. burgdorferi s.s en Valais, et 20% sur Neuchâtel.)
Pour conclure, bien que la maladie de Lyme ne représente pas un motif de consultation fréquent, il s’agit de ne pas la négliger dans des régions infestées par les tiques. Pour les raisons évoquées ci-dessus, la vaccination ne doit pas remplacer les mesures de prophylaxie sur le chien, (produits acaricide ou répulsif, examen du chien) d’autant plus que la borréliose n’est pas la seule maladie (piroplasmose, ehrlichiose,etc.) qui peut être transmise par ces parasites.
Hiltbrand, méd. vét. 1350 ORBE